Ce 21 février 2023, Sirius a organisé une session live sur Facebook pour fêter la journée des langues maternelles. En effet, 40% des élèves dans le monde sont scolarisés dans une autre langue que leur langue familiale. Cela fait maintenant quatre ans que l’ONU et l’UNESCO proposent de promouvoir l’éducation multilingue afin que tous les élèves puissent réussir au mieux scolairement en utilisant leurs langues familiales. Lors de ce live, trois conférencières ont échangé sur le sujet du multilinguisme et des langues familiales dans les écoles françaises :
Par leurs expériences en tant qu’enseignantes, chercheurs et formatrices, les trois conférencières ont témoigné des effets positifs que peut avoir l’utilisation des langues familiales des élèves en classe. Comme le dit Florence Guiraud, il serait contre-productif de causer une rupture avec les langues présentes dans le répertoire langagier des élèves car chaque langue est une représentation du monde sur laquelle il faut prendre appuie dans l’apprentissage du français. Elles représentent un vrai levier qui valoriseront les élèves, motiveront les enseignant.e.s à en découvrir plus sur leurs élèves et incluront aussi plus facilement la cellule familiale, nous dévoile Ranka Bijeljac-Babic. Du point de vue psychoaffectif, les élèves réussiront mieux scolairement car ils pourront se servir de leurs acquis et de leur répertoire langagier pour entrer dans la langue française. De plus, leurs langues étant légitimées, cela renforcera leur confiance en eux.
L’école n’est pas la seule structure d’éducation détentrice des apprentissages culturels, souligne Florence Guiraud. Il faudrait mettre davantage en lien l’école avec des structures d’éducations non formelles comme des associations qui ont souvent des liens plus étroits avec les familles, ce qui représenterait un réel levier pour travailler avec eux. Les territoires apprenants mettent en lien ces différentes structures d’éducation et donnent l’opportunité aux élèves de s’épanouir socialement et culturellement dans la langue française et dans leurs langues familiales comme dans le projet SIRIUS en France. Ranka Bijeljac-Babic nous parle des bibliothèques qui représenteraient un lieu public où les parents et les enfants pourraient communiquer dans leurs langues maternelles à l’aide de support tels que des livres de jeunesse plurilingues. Les enfants sont curieux, dit-elle ; ainsi, il faudrait inciter davantage à l’initiation des cultures étrangères pour s’ouvrir à l’Autre mais aussi pour développer la curiosité des élèves à l’apprentissage de langues étrangères lors des “semaines des langues” par exemple.
Néanmoins, le chemin est encore long et il y a encore des avancées à faire, surtout dans un climat social et politique tel que celui de la France. Seuls les programmes de maternelles parlent de plurilinguisme. Au niveau des politiques locales, la mise en lien des différentes structures non formelles avec le formel serait une avancée car il est important de sortir de l’école en se rendant dans des milieux associatifs et culturels, explique Nathalie Auger. On ne doit rien prendre pour acquis car comme le fait remarquer Ranka Bijeljac-Babic, la semaine des langues a failli être supprimée dû à un changement de ministère. Ainsi, il faut toujours être attentif à tout recul concernant le plurilinguisme car les recherches internationales démontrent depuis plusieurs décennies l'efficacité de l'usage des langues familiales dans les écoles. C’est une manière efficace vers la réussite scolaire tout en construisant une relation de bienveillance entre l’enseignant.e et les élèves.